Le gouvernement réactionnaire et illégitime de Michel Barnier prévoit dans son projet de loi de finances d’allonger le délai de carence de 1 à 3 jours dans la fonction publique et de réduire la rémunération versée aux fonctionnaires en arrêt de travail à 90 % de leur traitement normal, contre 100 % actuellement.

Comme à la belle époque de Sarkozy, on glose à tout va dans les médias sur ces tire-au-flanc de fonctionnaires qui coûtent un pognon de dingue bla bla bla et sur un alignement du public et du privé bla bla bla. Tout ça pour flatter l’électorat anti-fonctionnaire et les instincts droitards. Chez ces gens, la lutte pour l’équité est à géométrie variable. Taper sur les fonctionnaires qui n’en peuvent plus des politiques néo libérales, oui, mais rétablir l’ISF ou taxer les super profits, c’est toujours non.

Alors on va un peu débunker tout ça et une fois encore, on va voir que ces politiques ne sont pas à un mensonge ou une approximation près.

Tout d’abord, concernant l’efficacité des jours de carence, l’INSEE a démontré en 2017 (lire ICI) que les travailleurs et travailleuses s’arrêtaient moins pour de courtes durées, mais s’arrêtaient plus longtemps. C’est sûr que c’est très efficace. Et puis, sans être médecin, j’imagine que, concernant les maladies contagieuses, ça doit bien circuler dans les salles des maîtres.ses et autres open spaces. Et on ne parle même pas de la démotivation que cela entraîne. Je pense que les collègues avec une jambe cassée qui répondaient aux mails, préparaient pour le ou la remplaçant-e ou intervenaient dans le projet d’école en cours de rédaction vont se raréfier et iels auront bien raison.

Pour ce qui est de l’alignement public/privé, on repassera car deux tiers des salarié.es du privé sont en fait protégé.es contre la perte de revenu induite par le délai de carence par le biais de la prévoyance d’entreprise, ce qui ne sera clairement pas notre cas. Ensuite, vous remarquerez que "l’égalisation" va toujours dans le sens du moins disant car il n’est toujours pas question d’aligner les salaires du public sur ceux du privé, ni que l’Etat prenne en charge 50% de la mutuelle de ses employé.es. Et puis, ça ne dérange personne apparemment que près de 80% des cadres du privés aient leurs jours de carence pris en charge quand c’est le cas pour moins de 30% des ouvriers.

Et pour la rémunération à hauteur de 90% du salaire, si c’est censé être déjà le cas dans le privé, 70% des salarié.es perçoivent bien 100% de leur salaire grâce à des accords d’entreprise. Une fois encore, nous n’aurons aucun accord pour nous sauver alors que nous subissons depuis près de 20 ans le gel du point d’indice.

Pour finir, il est quand même bon de préciser qu’avant 2020, la moyenne des fonctionnaires était moins absente que les salarié.es du privé, et les enseignant.es étaient ceux qui avaient le moins de journées d’arrêt maladie par an.

**Les profs ne sont pas des feignasses**

Aujourd’hui, les fonctionnaires sont toujours moins absent.es mais les enseignant.es ont des niveaux identiques à ceux du privé.

Cela aurait-il un lien avec la dégradation des conditions de travail, le management toxique et les protocoles usants et à répétition ? C’est à se demander. En tout cas, ce ne sont pas les suppressions de 4000 postes qui vont améliorer les choses.

Tout ça est dogmatique on vous dit. Et si on renversait la vapeur ? Si on avait une vraie médecine du travail, des classes moins chargées, une liberté pédagogique qui nous permette de retrouver du sens à notre métier et un salaire digne de notre engagement ? Il est à parier que nous serions les champion.nes du non "absentéisme" (comme aime à le dire la droite alors que nous sommes seulement malades).

Vous reprendrez bien des jours de carence ?

Vous reprendrez bien des jours de carence ?